Deux personnalités marquantes sont à l'origine de la collection des papiers Tronchin: le théologien Théodore Tronchin et son fils Louis. Leurs papiers sont inventoriés dans la partie des Archives Tronchin acquises par le Musée historique de la Réformation (Arch. Tronchin 1-135)
- Théodore Tronchin naquit à Genève en 1582. Son père, Rémi Tronchin, originaire de Provence, fut reçu bourgeois de Genève le 8 décembre 1579 et accéda au Conseil des Deux-Cents en 1590. C'est Théodore de Bèze qui tint le jeune Théodore, son filleul, sur les fonts baptismaux. Après des études en théologie, Théodore voyagea à travers l'Europe, suivant des cours universitaires à Bâle, Heidelberg, Francfort ou encore Leyde. De retour à Genève, il occupa la chaire d'hébreu (1606). Il fut nommé recteur de l'Académie de 1610 à 1615 puis professeur de théologie. Député de Genève au synode de Dordrecht en 1618, il y défendit avec Jean Diodati l'orthodoxie calvinienne. A la demande des autorités genevoises, il exerça pendant six mois son ministère auprès du duc Henri de Rohan, chef des troupes françaises aux Grisons (1632). Chef incontestable, avec Diodati, de l'Eglise genevoise, Théodore Tronchin correspondit avec les Eglises réformées amies, avec des théologiens suisses et étrangers, des princes ou leurs ambassadeurs. Théodore Tronchin mourut en 1657.
- Son fils Louis (1629-1705) devint également pasteur et exerça son ministère à Lyon de 1654 à 1661. De retour à Genève pour y occuper la chaire de théologie à l'Académie (fin 1661), il devint recteur de cette institution en 1663. Comme son père, il occupa une place importante dans l'Eglise genevoise jusqu'à sa mort en 1705. Contrairement à celui-ci, il défendit des idées libérales au sein de l'Eglise, prônant la tolérance religieuse et la liberté de pensée. Il fut soutenu dans son action par son neveu Jean-Robert Chouet, professeur de philosophie à l'Académie dès 1669. Louis Tronchin entretint une correspondance importante avec des savants, des philosophes et des théologiens suisses et de l'étranger.
Les volumes acquis par la Bibliothèque publique et universitaire (actuelle Bibliothèque de Genève) sont inventoriés sous les cotes Arch. Tronchin 141-397. Cette partie de la collection Tronchin regroupe essentiellement les papiers des descendants de Théodore et Louis Tronchin, soit :
- Antoine Tronchin (1664-1730), fils de Louis. Il optint son doctorat en droit en 1688. Elu membre du Conseil des Deux-Cents de Genève en 1693, il fut également auditeur (1697), châtelain de Jussy (1701), membre du Petit Conseil (1704), syndic (1715 et 1719), premier syndic (1723 et 1727) et enfin lieutenant de justice (1722 et 1726-1729). Il fut à plusieurs reprises envoyé comme ambassadeur auprès des Suisses.
- François Tronchin (1704-1798), fils d'Antoine. Elu membre du Conseil des Deux-Cents en 1738, il exerça également dans le Petit Conseil (1753-1768 et 1782-1790). Il est surtout connu en tant qu'amateur d'art et collectionneur. Il vendit sa première collection à Catherine II de Russie en 1770, avant d'en constituer une seconde. Il s'installa aux Délices après le départ de Voltaire (1765).
- Jean-Robert (1702-1788), fils d'Antoine et frère de François. Etabli à Lyon, il fut le banquier attitré de Voltaire. Il est nommé contrôleur général du royaume de France en 1762.
- Jean Tronchin (1672-1761), autre fils de Louis et frère d’Antoine. Elu procureur général, il fut destitué de sa charge lors de l'affaire du Tamponnement en 1734.
- Jean-Robert Tronchin (1710-1793), fils de Jean. Procureur général entre 1760 et 1768, il obtint la condamnation du Contrat social et de l'Emile de Rousseau. Dans les troubles politiques qui secouèrent Genève dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, il pris parti contre les Représentants. Il est l'auteur des "Lettres écrites de la campagne" (1763).
- Théodore Tronchin (1709-1781), petit fils du pasteur Théodore. Célèbre médecin, eut notamment pour patients le duc d'Orléans et Voltaire. Il défendit l'inoculation de la variole.
- François-Louis Tronchin (1743-1784?), fils du médecin Théodore. Il fut nommé trésorier du Marc d'or à Paris.
- Jean-Armand Tronchin (1736-1813), membre du Conseil des Deux-Cents et des Soixante., exerça comme ministre de la République de Genève à Paris.
- Jean-Louis-Robert Tronchin (1763-1837), fils de Jean-Armand, fut colonel fédéral.
- Armand-Henri-Louis Tronchin (1794-1865), fils du colonel Jean-Louis-Robert, fut capitaine d'artillerie au service des Pays-Bas, puis lieutenant-colonel fédéral d'artillerie.